Journal Schweiz Arch Tierheilkd  
Verlag GST  
Heft Band 167, Heft 7,
juillet 2025
 
ISSN (print) 0036-7281  
ISSN (online) 1664-2848  
online seit 01 juillet 2025  
SAT archive search
Extended search

Communication de l'association

L’objectif supérieur reste la réintroduction dans la nature

Annik Steiner

Il n’est pas rare que des hérissons malades ou blessés soient présentés dans les cabinets vétérinaires. Ces animaux ont besoin de soins spécialisés et adaptés à leur caractère d’animal sauvage.

En ce lundi matin de fin mai, l’ambiance est calme dans la station pour hérissons de Frauenfeld. Le seul patient actuel est blotti au fond de sa caisse, sous des morceaux de journaux, et dort. Il y a neuf jours, le hérisson retrouvé affaibli dans un jardin y a été amené par des particuliers. Depuis, il a pris plus de 200 grammes et pourra bientôt retrouver la liberté. «Les hérissons sont très fidèles à leur territoire», explique Margareta Schlumpf, codirectrice du centre. Il est donc important que les personnes qui trouvent un hérisson notent précisément l’endroit où il a été trouvé, afin que l’animal puisse être relâché plus tard au même endroit.

La station pour hérissons, gérée par la Société de protection des animaux de Frauenfeld, accepte toute l’année des hérissons qui ont besoin d’aide. Pendant la haute saison, qui s’étend d’octobre à décembre, elle accueille une vingtaine d’animaux, occupant à plein ses capacités. Il s’agit alors de requinquer les animaux qui sont trop petits ou trop légers pour passer l’hiver. «Un hérisson doit peser environ 450 grammes», explique Margareta Schlumpf. Elle travaille en tournus avec 14 autres personnes au service de conseil téléphonique de la station pour hérissons. Pas moins de 3000 à 4000 appels téléphoniques y entrent chaque année.

Collaboration avec la station pour hérissons

Les hérissons sont confrontés à de nombreux dangers dans la nature. En font notamment partie les intoxications aux pesticides ou aux engrais, mais aussi les blessures causées par les tondeuses à fil ou les robots de tonte dans les jardins familiaux. Il y a donc régulièrement des blessures qui nécessitent des soins vétérinaires. Claudia Volz, membre du comité de la section spécialisée de la SVS pour la protection des animaux (AVSPA), soigne régulièrement des hérissons: «Lorsque des hérissons ont besoin d’une aide médicale, la station pour hérissons nous adresse souvent les personnes qui les trouvent.» De nombreux particuliers amènent également des hérissons directement au cabinet.

La station pour hérissons apprécie à sa juste valeur la collaboration avec les vétérinaires, souligne Margareta Schlumpf. L’équipe du centre comprend également une vétérinaire: «Nous ne pouvons toutefois que regarder les animaux de l’extérieur. Si un hérisson a besoin d’une radiographie, il doit être amené dans un cabinet vétérinaire.» Le service collabore également avec un cabinet pour l’obtention des médicaments vétérinaires. En contrepartie, la station pour hérissons conseille les vétérinaires dans les questions relatives à ces boules de piquants. Margareta Schlumpf mentionne en outre que la station accueille volontiers les hérissons qui, après avoir été traités dans les cabinets vétérinaires, ont encore besoin de soins et de temps avant d’être relâchés.
L’objectif supérieur des soins aux hérissons reste la réintroduction dans la nature: «Dans certains cas, nous pourrions certes sauver un animal, mais celui-ci ne serait plus capable de survivre dans la nature, explique Claudia Volz. Ce n’est pas dans l’optique du bien-être animal.» Même s’il est frustrant de ne pas pouvoir aider un animal, dans ce cas l’euthanasie est préférable.

Questions éthiques et financières

Ce jour-là, Claudia Volz nous emmène au centre vétérinaire Tezet AG, où elle travaille comme vétérinaire pour petits animaux. Le hérisson «Diabolo», amené au cabinet par une association de protection des animaux, attend dans une cage. Il traîne sa patte arrière gauche. Claudia Volz place le hérisson sous narcose pour l’examiner minutieusement. Elle a également déjà réalisé une radiographie du dos et des pattes arrières. Il est malheureusement difficile d’établir un diagnostic clair, car les examens ne révèlent aucune lésion ni interne ni externe. Le danger avec un hérisson qui traîne la patte est principalement qu’il risque, avec le temps, de se provoquer une blessure plus importante, laquelle est alors fortement sujette aux myases: «Lorsqu’une telle blessure reste longtemps sans soins, le hérisson est perdu», explique la vétérinaire. «Diabolo» est donc ramené par précaution au centre de soins pour hérissons à des fins d’observation.

Le cas de «Diabolo» illustre bien les questions qui se posent en matière de soins apportés aux animaux sauvages et auxquelles on ne peut parfois pas répondre de manière satisfaisante: jusqu’où le traitement des animaux sauvages par les vétérinaires doit-il aller? Mais surtout: qui finance? Aujourd’hui encore, les vétérinaires consacrent de nombreuses heures de travail non rémunérées aux soins des animaux sauvages blessés.

Dagmar Sens, vétérinaire et préposée de l’association de protection des espèces Pro Hérissons, connaît bien ce conflit: «La grande majorité des centres de soins pour hérissons sont des institutions privées qui n’existent que grâce aux dons. Le personnel y travaille de manière bénévole et doit non seulement prodiguer les soins aux hérissons, mais aussi se charger de générer des moyens financiers.» Les pouvoirs publics soutiennent parfois des projets de protection des espèces, mais il n’y a généralement pas d’aide publique pour les soins apportés à un animal individuel ni à l’aspect de protection des animaux qui y est lié. 

Du point de vue de Pro Hérissons, il est avant tout important que les hérissons bénéficient d’une première consultation compétente: «Les vétérinaires qui ne s’y connaissent pas directement en hérissons peuvent les adresser à un centre de soins, s’il ne s’agit pas d’un cas d’urgence immédiate», souligne Dagmar Sens. Pour aider les vétérinaires, Pro Hérissons met à leur disposition le manuel «Igel in der Tierarztpraxis» (cf. encadré).

D’amical à «Attention, il mord!»

En dépit de décisions parfois difficiles à prendre et même si les soins aux hérissons impliquent certaines problématiques – morsures de puces incluses – Claudia Volz ne voudrait pas manquer les expériences vécues avec ces quadrupèdes recouverts de piquants: «Les hérissons sont vraiment des animaux amusants et ils nous font toujours rire dans le cabinet.» On y rencontre les caractères les plus divers, du plus amical et curieux au plus craintif, en passant par ceux qui doivent être signalés par un «Attention, il mord!». «Lors de mon premier hérisson stationnaire, j’ai en outre été impressionnée par le chaos que peut provoquer un si petit animal.» Et d’ajouter encore une chose: «On ne penserait pas que ces petits camarades à l’allure plutôt peu sportive peuvent courir très vite lorsqu’ils voient une opportunité de se libérer.»

Tous les aides-mémoire et les liens sont disponibles sur le Portail vét de la SVS.

 

Il est important de procéder à un bon examen clinique général lors de la première prise en charge des hérissons par le cabinet vétérinaire. (© SVS)

Informations juridiques et sur les soins prodigués aux hérissons

En Suisse, la base légale relative aux hérissons est très complexe. Contrairement à ce qui est le cas pour les autres animaux sauvages, leur protection et leurs soins ne sont pas régis par la loi sur la chasse, mais par la loi sur la protection de la nature et du paysage, de même que la loi sur la protection des animaux. Les populations de hérissons sont en déclin dans toute l’Europe. En 2024, la Liste rouge de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) l’a classé pour la première fois comme «quasi menacé». Le hérisson figure aussi dans la Convention relative à la conservation de la vie sauvage et du milieu naturel de l’Europe (Convention de Berne) et a donc été ajouté à l’annexe 4 de l’ordonnance sur la protection de la nature et du paysage. La compétence en matière de protection des espèces qui y sont mentionnées étant une prérogative cantonale, les réglementations ne sont pas partout les mêmes. L’autorisation des centres de soins pour hérissons est également dévolue aux cantons. Pour s’informer sur la réglementation cantonale, les services vétérinaires ou les services de protection de la nature cantonaux sont compétents. Des informations sont également disponibles dans la fiche pratique «Exigences en matière de détention temporaire et soins aux hérissons», 2017, OFEV, OSAV.
Dans un papier de position, l’Association suisse de médecine de la faune et des animaux exotiques (ASMFAE), une section spécialisée de la SVS, a défini les bases des soins aux animaux sauvages et les exigences auxquelles doivent répondre les centres de soins pour animaux sauvages. Elle s’engage pour une réglementation uniforme dans toute la Suisse. https://svwzh.ch
L’association de protection Pro Hérissons a aussi publié en 2024 une fiche d’information sur les soins à apporter aux hérissons dans les cabinets vétérinaires. Les cabinets vétérinaires peuvent obtenir gratuitement l’édition actuelle du livre «Igel in der Tierarztpraxis» auprès de Pro Hérissons. Contact: info@pro-igel.ch. Le site web www.proherissons.ch contient en outre de nombreuses informations 
intéressantes sur les hérissons ainsi qu’une liste de stations de soins pour hérissons. 

«Les hérissons ont une physiologie très différente de nos autres patients»

Claudia Volz est vétérinaire pour petits ­animaux et membre du comité de l’Association vétérinaire suisse pour la protection des animaux AVSPA.

Quelles sont les choses importantes en matière de premiers soins prodigués aux hérissons?
Claudia Volz: Pour commencer, il faut un bon examen clinique général pour pouvoir estimer si le hérisson a une chance de pouvoir être relâché dans la nature. Si son état le permet, le hérisson doit être examiné sous courte narcose, pour éviter de passer à côté de beaucoup de choses. Dans le pire des cas, on risque de soigner un animal alors que le traitement est sans espoir. Il faut éviter autant que possible le stress et les souffrances pour l’animal.

À quoi faut-il faire particulièrement attention lors du traitement des hérissons?
Une certaine infestation d’ectoparasites tels que les puces ou les tiques est normale chez les hérissons. Un traitement médicamenteux hâtif peut, dans le pire des cas, tuer un hérisson déjà affaibli. Celui ou celle qui souhaite soigner des hérissons doit se familiariser avec leur physiologie et leurs particularités, sinon le risque est bien trop grand de faire plus de mal que de bien. Les hérissons «fonctionnent» très différemment de nos autres patients: ainsi, ils ne supportent pas de nombreux médicaments que nous utilisons chez les chiens et les chats, car ils ne sont pas en mesure de les métaboliser. La température corporelle des hérissons est par ailleurs beaucoup plus basse, soit de 33,5 à 35°C en hiver et de 34,5 à 36,5°C en été. Il ne faut donc pas trop les réchauffer en pensant qu’ils sont en hypothermie. Enfin, il est important de surveiller les signes chez les femelles pour savoir si elles ont éventuellement des petits, qui ne peuvent pas survivre seuls.

Quels sont les examens nécessaires?
La plupart du temps, il est nécessaire d’examiner les fèces, car les hérissons faibles ou malades souffrent souvent d’endoparasites pulmonaires ou intestinaux, qu’il faut traiter. Il est également souvent utile de réaliser des radiographies pour déceler d’éventuelles altérations osseuses, pulmonaires, etc. Il nous arrive plus rarement de faire une brève échographie, par contre les analyses sanguines sont rares.

Quels sont les maladies ou les problèmes de santé les plus fréquents chez le hérisson?
Les endoparasites, en particulier les vers pulmonaires, constituent le problème le plus fréquent. Les fortes infestations de tiques ou de puces peuvent également se révéler problématiques chez les hérissons faibles. Les blessures causées par les robots de tonte ou par d’autres animaux et voitures sont aussi récurrentes. De même, on nous apporte très souvent des hérissons simplement affaiblis, chez qui les maladies diarrhéiques sont fréquentes. Les causes sont souvent difficiles à déterminer: cela peut parfois découler de l’ingestion d’engrais, mais aussi de parasitoses ou tout simplement à de dysbactérioses dues à une alimentation inappropriée.

Voir la vidéo «Premiers soins au cabinet vétérinaire».

 
TYPO3 Agentur