Journal Schweiz Arch Tierheilkd  
Verlag GST  
Heft Band 166, Heft 11,
novembre 2024
 
ISSN (print) 0036-7281  
ISSN (online) 1664-2848  
online seit 29 octobre 2024  
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Il y a 215 ans étaient délivrés les premiers diplômes de vétérinaires en Suisse

Nicole Jegerlehner

La première «Thierarzneischule» (école de médecine vétérinaire) de Suisse voyait le jour en 1805 à Berne. Quatre ans plus tard, les premiers étudiants obtenaient leur diplôme.

Les vétérinaires existent depuis qu’il existe des animaux d’élevage domestiqués. Jusqu’au 19ème siècle, ce sont généralement les agriculteurs, les maréchaux-ferrants, les bouchers ou les équarisseurs – responsables de l’élimination des cadavres d’animaux et de leur recyclage – qui se chargent de soigner les animaux en parallèle de leur activité principale. En Europe, la médecine vétérinaire acquiert ses lettres de noblesses en tant que science au 18ème siècle: c’est alors que, parallèlement au grand besoin de chevaux des armées, apparaissent les premières panzooties. En Suisse, les futurs vétérinaires continuent toutefois d’apprendre leur métier sur le terrain, auprès de vétérinaires confirmés.

En Suisse comme ailleurs, le début du 19ème siècle est mouvementé: l’ancienne Confédération a vécu, la Suisse est de fait un État vassal de la France. De 1803 à 1813, pendant la période de la Médiation, l’Acte de Médiation forme la base constitutionnelle de la Confédération et des cantons, ouvrant dès lors la porte à un nouvel ordre ainsi qu’à de nouvelles structures. C’est à ce moment que certains cantons introduisent par exemple l’assurance obligatoire du bétail, l’agriculture constituant alors la principale source de revenus de la population.

Le canton de Berne va même plus loin: en 1805, le Conseil de la Ville de Berne décide de créer une école de médecine vétérinaire, rattachée à l’Académie bernoise, précurseur de la future université. Pour y être admises, les personnes intéressées doivent être titulaires d’un certificat de capacité pour l’exercice de la profession de vétérinaire. Ces titres sont délivrés par les pasteurs locaux ou les autorités régionales, sur la seule base de leur évaluation personnelle, sans critères d’admission spécifiques. Ce sont dès lors pour l’essentiel des fils de paysans qui viennent à Berne pour y étudier pendant deux années.

Le premier professeur

Le premier professeur de l’école de médecine vétérinaire est Carl Friedrich Emmert. Il enseigne à partir du semestre d’hiver 1806. Au bout de deux ans, 20 étudiants suivent déjà ses cours. Carl Friedrich Emmert concentre son enseignement sur les chevaux, les bovins et les moutons, bien qu’il lui arrive aussi de parler de porcs et de chiens, plus rarement de chats. À l’époque, la médecine vétérinaire consiste en l’observation précise des symptômes et de l’évolution de la maladie, les explications concluantes faisant généralement défaut.

En 1807, le Tierspital est construit au nord-ouest du Burgerspital. Les trois premiers étudiants y passent l’examen pratique et théorique en 1809. Abraham Ebersold d’Eschlen, Gabriel Simmen d’Erlach et David Stauffer de Signau obtiennent la mention «excellent» («vorzüglich»), comme on peut le lire sur la copie du diplôme de David Stauffer.

Samuel Anker, Mathias Anker – respectivement père et oncle du peintre Albert Anker – et Jean Bertmann étudient également à Berne dans les premières années de l’école vétérinaire. Tous trois rédigent des transcriptions de cours pendant leurs études. L’institution de formation bernoise se fait connaître dans tout le pays et de plus en plus d’étudiants hors canton se rendent à Berne pour s’y former.

En 1812, le professeur Carl Friedrich Emmert devient en outre professeur de chirurgie et d’art de l’accouchement en médecine humaine. Afin de former de nouveaux professeurs de médecine vétérinaire, le conseil de curatelle de l’Académie envoie deux étudiants à l’étranger pour qu’ils puissent y élargir leurs connaissances: Mathias Anker et Peter Schild passent ainsi trois ans dans les universités de Vienne, Berlin et Munich avant de revenir à Berne. Après une période d’essai de deux ans en tant qu’enseignants, ils sont définitivement engagés et Mathias Anker est même nommé responsable. «L’institut reposait enfin sur des bases solides», écrit à ce sujet Theodor Oskar Rubeli dans son ouvrage sur les 100 premières années de l’école vétérinaire.

En 1826, la clinique et les étables de l’école quittent la zone du Burgerspital pour s’installer à l’Engehalde. De plus en plus d’animaux sont soignés à l’hôpital vétérinaire et le nombre d’étudiants ne cesse d’augmenter. En 1906, cent ans après sa création, la faculté de médecine vétérinaire de Berne comptera 41 auditeurs.

L’Université de Berne voit le jour en novembre 1834. Mathias Anker se retrouve ainsi à la tête du «Département de médecine vétérinaire de la faculté de médecine».

À Zurich aussi

Face au succès de la formation vétérinaire à Berne, le canton de Zurich crée également, en 1820, un établissement d’enseignement pour les vétérinaires. Sept ans auparavant, en 1813, le médecin zougois Franz Karl Stadlin fondait la Gesellschaft Schweizer Thierärzte (GST), rebaptisée en 2004 Gesellschaft Schweizer Tierärztinnen und Tierärzte / Société des vétérinaires suisses. La SVS publie les Archives suisses de médecine vétérinaire (ASMV) depuis 1816.

Vers la fin du 19ème siècle, les écoles de Berne et de Zurich s’engagent, avec la SVS, à uniformiser la formation vétérinaire en Suisse et à la mettre sur un pied d’égalité avec la médecine humaine. En 1900 et 1901 respectivement, les écoles de médecine vétérinaire de Berne et de Zurich sont rattachées aux universités locales, devenant ainsi les premières facultés vétérinaires universitaires au monde.

La photo de 1896 montre le nouvel hôpital vétérinaire de Berne, situé à la vordere Engehalde, rénové entre 1893 et 1895. (Bibliothèque de la Bourgeoisie de Berne, FP.E.562)

David Stauffer obtient l’un des premiers diplômes de vétérinaire de Suisse.

(© zvg)

Le texte du diplôme, traduit en substance: «Nous, chanceliers et curateurs de l’Académie bernoise, faisons savoir par la présente: après avoir constaté que DAVID STAUFFER, de Signau, ressortissant du canton, s’est consacré avec zèle pendant deux ans à l’apprentissage de la médecine vétérinaire sous la direction du professeur de l’art vétérinaire employé publiquement ici, nous l’avons convoqué aujourd’hui en notre présence à un examen public et avons constaté par ses réponses qu’il a bien mis à profit ses années d’apprentissage et a acquis par son talent et son assiduité de très bonnes connaissances dans la partie théorique et pratique de son art et surtout en ce qui concerne les chevaux. Ledit Monsieur STAUFFER ayant l’intention d’exercer dorénavant la médecine vétérinaire, nous avons voulu, en vertu de cette lettre ouverte, lui donner le témoignage impartial et sincère qu’il a bien étudié et que nous l’avons jugé capable de se consacrer dorénavant à sa profession de praticien vétérinaire. Ainsi donné sous ma signature de chancelier, avec l’apposition du grand sceau académique. Berne, le 30 novembre 1809. Au nom du Conseil de curatelle académique, le chancelier: Mutach».

Sources:

  • Die Tierärztliche Lehranstalt zu Bern in den ersten hundert Jahren ihres Bestehens, Prof. Dr. Theodor Oskar Rubeli, 1906
  • Die Vorlesung von C. F. Emmert über Spezielle Pathologie und Therapie an der Tierarzneischule Bern im Jahr 1811, thèse inaugurale de Sabine Betschart, 2019
  • Die Vorlesung von Matthias Anker über Allgemeine Pathologie im Jahr 1820 an der Tierarzneischule Bern, thèse inaugurale d’Irene Nussli, 2019
  • Dictionnaire historique de la Suisse
  • Archives suisses de médecine vétérinaire, décembre 1922
 
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