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L’agroécologie est apparue au début du 20e siècle en tant que discipline scientifique. Cependant ce n’est que récemment qu’elle émerge dans le discours des organisations internationales, y compris VSF-Suisse. Mais de quoi s’agit-il exactement?

Dans diverses cultures, certaines pratiques agricoles, existantes depuis des siècles, pourraient aujourd’hui être qualifiées comme agroécologiques. Cependant, en tant qu’approche scientifique, l’agroécologie est intégrée dans le discours que depuis environ un siècle. Ce n’est que depuis une trentaine d’années qu’elle a été institutionnalisée et a gagné en notoriété – notamment depuis que l‘Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), en est devenue une fervente partisane.

Une science diversifiée

L’agroécologie est une approche interdisciplinaire qui associe les connaissances écologiques aux pratiques agricoles dans le but de développer des systèmes alimentaires durables et résilients. Elle analyse les interactions entre les végétaux, les animaux, les êtres humains et l’environnement au sein de l‘agriculture, en faisant appel à divers domaines scientifiques tels que l’agronomie, l’écologie, les sciences environnementales, la sociologie, l’économie et même l’histoire.

En tant qu’approche holistique, l‘agroécologie vise à augmenter la sécurité alimentaire mondiale tout en contribuant à la lutte contre le changement climatique et la crise de la biodiversité. Ainsi, le système alimentaire global doit devenir écologiquement durable et socialement plus équitable. Au fil des décennies, cette discipline s’est développée, élargissant son champ d’étude pour inclure non seulement les techniques agricoles et l’élevage, mais aussi l’organisation sociale qui les entoure. De ce fait, la manière dont les gens produisent les aliments, les transportent et les distribuent, est également prise en compte.

Nécessité d’un changement

Depuis plusieurs siècles, la production alimentaire mondiale connaît une croissance exponentielle. Toutefois, de plus en plus de personnes souffrent de la faim dans le monde et l’écart en matière de sécurité alimentaire entre les pays du Nord et du Sud continue de se creuser. Cette réalité met en lumière les lacunes des systèmes agricoles et alimentaires actuels, qui ne parviennent pas à garantir un accès adéquat à la nourriture pour l’ensemble de la population mondiale. De plus, ces derniers contribuent à accélérer la crise climatique en émettant des gaz à effet de serre et en engendrant des pertes de biodiversité.

L’ONU considère l’agroécologie comme un instrument ­essentiel permettant d’atteindre l’objectif de développement numéro 2, à savoir «un monde sans faim». En associant les principes écologiques aux pratiques agricoles et en favorisant la transition vers des structures durables au sein des systèmes alimentaires, les agroécosystèmes devraient générer de meilleurs rendements sans compromettre le climat ou le bien-être des populations environnantes.

Pour des solutions agroécologiques

Dans le cadre de sa stratégie, Vétérinaires Sans Frontières Suisse (VSF-Suisse) s’est fixé comme objectif global d’augmenter la sécurité alimentaire dans les régions où elle intervient, à savoir l‘Afrique de l’Est et de l’Ouest. Pour ce faire, elle adopte une approche agroécologique centrée sur l’élevage. Dans la pratique, l’agroécologie ne prescrit pas de directives précises, mais elle repose sur la mise en œuvre locale de principes agroécologiques fondamentaux tels que les synergies, la biodiversité et la participation d’agriculteurs locaux.

Selon cette perspective, la mise en œuvre de l’agroécologie est considérée comme un processus débutant par la réduction de substances chimiques et s’étendant jusqu’à la transformation de l’intégralité du système alimentaire. Ce processus implique à la fois les exploitations agricoles et nous autres, les consommateurs. Plus précisément, il s’agit par exemple de la préservation des races bovines locales, de l’agroforesterie ou encore de l’utilisation de résidus de récolte et de déchets organiques comme fourrage, ainsi que l’application de fumier comme engrais organique à la place d‘engrais chimique.

Une étude menée par l’Alliance Sufosec – une coalition composée de six ONG suisses, dont VSF-Suisse – en collaboration avec la Haute école des sciences agronomiques, forestières et alimentaires, souligne que la transition vers des pratiques agroécologiques est un processus de longue haleine, nécessitant une adaptation et une acquisition collective de connaissances. L’accent devrait toujours être mis sur des solutions adaptées au niveau local, favorisant l’innovation et la résilience, afin de permettre aux communautés de faire face aux défis écologiques tout en préservant leurs savoirs traditionnels. Dans ce contexte, la cocréation est également évoquée: lorsque les exploitations agricoles acquièrent et mettent en œuvre de nouvelles connaissances en collaboration avec la science, avec un projet et avec d’autres partenaires.

Qu’il s’agisse de la filière du lait et de la viande, de l’utilisation de produits forestiers tels que le miel, ou encore de la distribution de denrées d’origine animale durant les périodes de crises alimentaires: l’agroécologie représente un accès à une alimentation locale, diversifiée et nutritive, ainsi qu’une sécurité alimentaire plus autonome.