Journal Schweiz Arch Tierheilkd  
Verlag GST  
Heft Band 165, Heft 7_8,
juillet 2023
 
Thema Sonderheft Tierwohl / cahier spécial Bien-être animal  
ISSN (print) 0036-7281  
ISSN (online) 1664-2848  
online seit 04 juillet 2023  
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Focus

Les poules ont la cote

Dr méd. vét. Julia Schädler, division Protection des animaux, Office fédéral de la sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires (OSAV)

Qui élève des poules doit acquérir des connaissances de base. L’Office fédéral de la sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires a élaboré une brochure à ce sujet.

«Avoir vos propres poules, cela vous tente-t-il? Vous n’êtes pas les seuls à y penser: on estime qu’il existe en Suisse 70 000 ménages qui détiennent des poules à titre privé – et ce nombre ne cesse d’augmenter.» Voici les premières phrases qui introduisent la campagne d’information «Détenir correctement les poules». L’Office fédéral de la sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires (OSAV) et la Protection suisse des animaux (PSA) ont rédigé une brochure ainsi qu’un site-web visant à fournir aux particuliers les connaissances de base requises pour détenir avec succès leur propre troupeau de poules. Les vétérinaires praticiens trouveront dans le présent article des informations sur les problèmes de santé fréquents chez les poules.

Nourriture appropriée pour les poules

La campagne aborde notamment la question de l’alimentation. Les poules peuvent recevoir des rations préparées commercialement, mélangées par les détenteurs eux-mêmes ou une combinaison des deux. Ces rations doivent être équilibrées sur le plan nutritionnel et répondre aux besoins des poules en fonction de leur âge, de leur taille, de leur poids et des performances de ponte attendues. Pour la plupart des détenteurs de poules, l’utilisation d’un aliment complet du commerce constitue le moyen le plus simple de créer la base d’une alimentation équilibrée.

L’alimentation sous forme de granulés ou de farine garantit une ingestion régulière de tous les composants de l’aliment, car les animaux ne peuvent pas sélectionner certains composants; elle assure en particulier un apport suffisant en calcium pour la formation de la coquille des œufs, élément qui est peu apprécié s’il est proposé séparément.

Les nutriments contenus dans les aliments sont dégradés par la chaleur, le rayonnement solaire, l’oxygène et bien d’autres facteurs. De manière générale, la règle est donc de n’acheter que la quantité d’aliment qui sera donnée aux animaux dans les six semaines suivant sa fabrication. Le stockage de l’aliment dans des récipients fermés de manière hermétique le protège des infestations par les insectes et les rongeurs.

L’utilisation des restes de cuisine est un argument fréquent pour se lancer dans la détention de poules à titre de loisir. Dans la mesure où les déchets de cuisine sont dans un état hygiéniquement acceptable, rien ne s’oppose à ce qu’ils soient distribués comme «friandises» en plus de l’alimentation proprement dite, mais seulement après avoir donné la ration de base. Il en va de même pour la nourriture destinée à occuper les poules, par exemple la salade. De plus, un bloc à picorer peut contribuer à garantir un apport suffisant en calcium, notamment pour les animaux qui pondent des œufs. En raison de leur teneur élevée en glucides, les pâtes, les pommes de terre ou le pain ne sont pas des aliments appropriés pour les poules.

Maladies fréquentes liées à l’alimentation

Certaines maladies sont liées à l’alimentation, par exemple le syndrome de la stéatose hépatique hémorragique. Chez les oiseaux, la lipogenèse a lieu principalement dans le foie. Une alimentation unilatérale riche en hydrates de carbone, inadaptée aux performances de ponte – par exemple avec du pain, des pâtes et des pommes de terre – contribue de manière significative à cette pathologie multifactorielle. Outre la perte progressive de la fonction hépatique, les hémorragies aiguës consécutives à une rupture du foie sont souvent mortelles. La goutte viscérale, rénale et articulaire est également liée à l’alimentation. Chez les oiseaux en bonne santé, l’acide urique est excrété par voie rénale. Si l’excrétion est perturbée, le taux d’acide urique augmente dans le sang, des cristaux d’acide urique se forment dans les articulations, ainsi que dans et sur les organes de la cavité cœlomique. Les lésions rénales sous-jacentes sont souvent d’origine alimentaire, dues à un excès de protéines dans l’aliment ou à une carence en vitamine A et en eau.
L’ingestion de longs brins d’herbe, le plus souvent combinée à un manque de grit et d’eau, peut donner lieu à la formation de bézoards dans le tractus gastro-intestinal, ce qui peut provoquer un iléus. Les symptômes caractéristiques sont les suivants: amaigrissement chronique avec un appétit conservé, jabot parfois gonflé, apparition plus fréquente de la maladie au printemps ou au début de l’été.

Poules pondeuses recueillies

Les hybrides de ponte étant génétiquement programmées pour des performances de ponte élevées, même après leur «retraite anticipée», il faut leur garantir un apport optimal en nutriments avec un approvisionnement en calcium suffisamment élevé, même dans la détention à titre de loisir.

En raison de leur sélection antérieure intensive et de leur utilisation comme productrices d’œufs, ces poules sont toutefois souvent prédestinées à des inflammations de l’appareil de ponte. Les performances de ponte n’étant généralement pas la priorité des personnes qui recueillent des poules pondeuses, le traitement de choix en cas d’inflammation fibrineuse avancée dans la cavité cœlomique consiste à procéder à une ablation chirurgicale de tout l’oviducte. Cela inclut aussi des conglomérats souvent massifs, composés de produits d’inflammation et de fragments d’œufs, qui remplissent et obstruent l’oviducte. L’activité de l’ovaire doit ensuite être supprimée durablement par voie hormonale, par exemple au moyen d’implants de desloréline.

La mue

Dans les exploitations de ponte commerciales, la durée de garde des poules dépend généralement de la persistance des performances de ponte. L’acquisition d’une hybride de ponte réformée peut donc coïncider avec une pause de ponte et la mue physiologique qui y est liée.

Dans les exploitations commerciales pratiquant une rotation sur plusieurs années, la mue est généralement induite, entre autres, par la distribution d’un aliment pauvre en nutriments, ce qui ralentit en même temps la production d’œufs.

Chez les poules détenues à titre de loisir, la mue se produit spontanément et il faut à l’inverse assurer une alimentation adaptée à leurs besoins. Elles ont notamment des besoins accrus en acides aminés soufrés en raison de la formation de nouvelles plumes: les aliments pour poules disponibles dans le commerce sont adaptés à l’âge et aux performances des animaux et couvrent là aussi tous les besoins. Les poules étant moins bien isolées en raison de la perte des plumes, leurs besoins énergétiques peuvent augmenter. Durant la phase sensible de la formation de nouvelles plumes, les tiges des plumes peuvent se casser et saigner, causant des infections secondaires.

Les poules qui couvent

Les poules qui couvent représentent parfois un défi pour leurs détenteurs: lorsque l’éclosion ne se produit pas et que la poule devient une couveuse permanente chronique qui ne quitte pratiquement plus sa couvée ou même le nid vide. Il est donc presque impossible de la faire manger, elle maigrit de plus en plus et perd sa place dans la structure sociale du troupeau. Outre divers remèdes de grand-mère – dont la plupart ne sont pas compatibles avec les dispositions de la législation sur la protection des animaux –, il est possible d’intervenir à titre préventif en administrant des préparations hormonales. Comme la couvaison est saisonnière, il suffit de supprimer l’activité ovarienne en administrant de la desloréline pendant environ six mois.

De plus en plus de ménages détiennent des poules à titre privé. (© màd)

De plus amples informations sur la manière correcte de détenir les poules:
mespoulesjenprendssoin.ch
blv.admin.ch

 
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