Journal Schweiz Arch Tierheilkd  
Verlag GST  
Heft Band 164, Heft 9,
septembre 2022
 
Thema Themenheft Tollwut | Cahier thématique Rage  
ISSN (print) 0036-7281  
ISSN (online) 1664-2848  
online seit 30 août 2022  
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Editorial

Finies les vacances!

Dans cette période post-covid, les envies de voyages lointains se sont fortement faites ressentir pour de nombreuses personnes. Si la Suisse a déployé de gros efforts durant plusieurs décennies pour éradiquer la rage, cette maladie est encore endémique en Afrique et en Asie. Chaque année elle tue près de 60 000 personnes dans le monde et 99% des cas humains sont dus à des morsures de chiens infectés. Malgré cela, été après été, des centaines de personnes reviennent de leurs voyages avec un animal ramené du pays étranger visité.

Pour le praticien qui reçoit le chien fraîchement importé de manière non-conforme, c’est moins les vacances. Pour certains confrères, évaluer à posteriori le risque que représente une telle importation est une question de santé publique alors que pour d’autres, cette tâche est de la responsabilité des services vétérinaires compétents et ils annoncent chaque importation non-conforme auprès des autorités cantonales.

Ces dernières sont souvent démunies en recueillant le problème en bout de chaîne. Difficile de savoir si les propriétaires agissent dans un but lucratif ou par simple méconnaissance des lois. Malgré tout l’animal est là et la mission du vétérinaire cantonal est de prendre les mesures sanitaires adaptées au risque que représente cet animal.

Face à cet afflux fortement en hausse et suite à la médiatisation de certains cas d’euthanasie de chiots pour suspicion de rage, toutes et tous réclament de resserrer les mailles du filet afin d’éviter ces situations difficiles tant pour les animaux que pour les professionnels concernés que ce soit dans les cabinets, les cliniques universitaires comme dans les services publics. Cependant, même si le système actuel est perfectible, des alternatives telles qu’un renforcement des contrôles aux frontières ou plus de quarantaines se heurtent contre des aspects plus pragmatiques comme le manque de personnel formé ou les difficultés de recouvrement des frais engendrés par de telles mesures. Il est également souhaitable que les infractions soient poursuivies et punies pénalement de manière plus coercitive car, malgré les différentes campagnes de sensibilisation, les aspects de prévention ne semblent malheureusement pas porter leurs fruits.

La guerre en Ukraine au début d’année a fait bouger les lignes vis-à-vis de l’entrée sur notre territoire d’animaux de compagnie. Nous avons connu dans un contexte de crise humanitaire une vague migratoire de chiens et de chats sans précédent au statut sanitaire incertain et en provenance d’un pays à risque de rage. Avec des mesures de sensibilisation et grâce à une bonne connaissance de la maladie par les détenteurs concernés, il a été possible d’accueillir ces animaux.

Ces derniers événements doivent être pris en compte dans une réflexion entre aspects de bien-être animal et contraintes liées à la santé publique. Une actualisation de l’évaluation du risque en la matière semble donc nécessaire. Pour autant celle-ci ne doit pas être un prétexte pour répondre aux désirs consuméristes et pressés d’une certaine clientèle.

Michel Rérat
Vétérinaire cantonal de Genève, Membre du Comité SVS

 
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