Rage

Pendant des décennies, la rage¹ – mortelle à quasiment 100% chez l’homme en l’absence de traitement après l’apparition des symptômes² – était considérée comme un danger bien contrôlé et pour l’essentiel endigué dans le monde ­entier. Pourtant, on enregistre bon an mal an toujours environ 59 000 décès ­humains sur la planète dus à cette maladie. Après avoir entrepris de gros efforts d’éradication, la Suisse est officiellement considérée comme indemne de rage depuis 1999.³

L’agent infectieux responsable de la rage est un virus neurotrope de la famille des Rhabdoviridae (genre Lyssavirus) excrété par la salive. La contamination de l’être humain se fait généralement via la morsure d’un animal infecté. La rage transmise par les chiens représente à ce jour le premier risque de contamination humaine (99% des cas), expliquant pourquoi la campagne mondiale de vaccination a visé en premier lieu les canidés. Avec succès par ailleurs jusqu’à il y a quelques années. Cependant, les observations internationales montrent aujourd’hui que les cas de rage sont de nouveau en hausse.

Cette recrudescence s’explique par le fait que les campagnes de vaccination de masse contre la rage canine ont été suspendues dans de nombreux pays dans le sillage de la pandémie de coronavirus, souvent pour des raisons de coûts ou de réorientation budgétaire vers des mesures visant à endiguer le Covid-19. C’est notamment ce que montrent des travaux scientifiques menés en Haïti et en Amérique latine.^4,5 C’est aussi la raison pour laquelle la rage se propage à nouveau plus fortement dans les régions à risque comme la Turquie, l’Égypte, la Tunisie, Bali, le Mexique ou encore l’Afrique du Sud.⁶ Il en découle logiquement un risque accru d’exposition des touristes, des populations locales et des professionnels de la santé animale notamment.

Mais le risque d’infection auquel sont confrontés les propriétaires d’animaux et les vétérinaires augmente également en-dehors des zones proprement à risque, surtout en raison des importations d’animaux: 44 des 64 chiens testés en 2021 et importés illégalement auraient pu être infectés par la rage, alors que chez les chats 11 cas sur 16 ont pu être attribués à des importations illégales en provenance de pays où l’on connaît des cas de rage terrestre.⁷

La prophylaxie préexposition (PrEP) des voyageurs se rendant dans les pays à risque de rage constitue une contribution essentielle à la prévention de la rage. Cette vaccination est également vivement recommandée au sein des groupes professionnels soumis à un risque d’exposition élevé en raison de leur activité, à l’exemple des vétérinaires.

Pour ces personnes (pour autant qu’elles ne souffrent pas d’immunosuppression), le plan de vaccination suisse 2022 prévoit, dans le cadre de la prophylaxie préexposition de la rage selon l’OFSP⁸, une immunisation de base constituée de deux doses de vaccin (2^e dose entre le jour 7 et le jour 28), de même qu’un rappel après 12 mois ainsi qu’un contrôle sérologique tous les 5 ans avec un nouveau rappel lorsque le titre des anticorps neutralisants est passé sous la barre des 0,5 UI/ml.

Pensez à vous protéger vous-même ainsi que le personnel de votre cabinet contre la rage! Votre médecin généraliste ou un cabinet de médecine du voyage peuvent vous conseiller à ce sujet.