Vet-Info
Vacciner pour l’Afrique 2021 – Les vétérinaires suisses allègent les souffrances!
Du 30 août au 4 septembre 2021, VSF-Suisse organise la 16e édition de la campagne «Vacciner pour l’Afrique». Durant cette semaine, les cabinets vétérinaires suisses collecteront les recettes des vaccinations qu’ils effectuent et en reverseront tout ou partie à VSF-Suisse.
La responsable programmes de VSF-Suisse pour l’Afrique de l’Est, Frédérique Darmstaedter, explique dans une interview à quoi servent les dons, pourquoi le soutien aux populations africaines est à l’heure actuelle très important et comment vous pouvez vous aussi prendre part à la campagne.
Frédérique, qu’est-ce que c’est exactement «Vacciner pour l’Afrique»?
«Vacciner pour l’Afrique» est une campagne annuelle de recherche de fonds durant laquelle les cabinets vétérinaires de toute la Suisse collectent les revenus des vaccinations qu’ils effectuent pendant une semaine et en reversent tout ou partie à VSF-Suisse. C’est la 16e fois que nous organisons cette campagne et nous sommes toujours heureux de voir revenir les cabinets vétérinaires – que ce soit pour la deuxième fois ou qu’ils nous suivent depuis le début de cette aventure. Et bien sûr, nous sommes ravis de chaque nouveau cabinet qui nous rejoint!
Combien de cabinets vétérinaires participent à la campagne?
L’année dernière, il y avait 92 cabinets participants, dont 8 nouveaux. Cette année, nous espérons atteindre le chiffre magique de 100! Et pas seulement en raison des dons. VSF-Suisse est solidement ancrée dans la communauté vétérinaire suisse et nous nous réjouissons de chaque nouveau visage dans notre réseau. Nous profitons tous de cet échange mutuel. Je voudrais également mentionner que nous avons à nos côtés depuis des années un sponsor fidèle et généreux, Virbac Suisse SA, dont le soutien rend la campagne possible en tout premier lieu.
Et qu’est-ce qui rend «Vacciner pour l’Afrique» spéciale par rapport à d’autres campagnes de recherche de fonds?
Nous sommes une organisation d’aide et de développement vétérinaire. Nombre de nos employés dans nos pays partenaires sont donc eux-mêmes vétérinaires ou travaillent dans le domaine vétérinaire au sens large, comme nos collègues spécialisés dans l’hygiène laitière ou l’élevage de poules. La campagne n’est donc pas seulement un effort abstrait de collecte de fonds, mais un témoignage de la solidarité transcontinentale entre collègues professionnels en Suisse et en Afrique. Cet esprit de coopération internationale est au cœur de la campagne: des vétérinaires aidant des vétérinaires à apaiser les souffrances dans le monde. En conséquence, notre organisation sœur en France a intitulé sa campagne «Mon véto est un héros»!
Quelles sont en Afrique les souffrances dont tu parles?
L’objectif général est de lutter contre la faim et la pauvreté. Toutefois, les problèmes spécifiques et nos approches diffèrent d’un pays à l’autre. Fondamentalement, cependant, nous pouvons diviser notre engagement en deux domaines principaux. D’une part, la coopération au développement à long terme et durable, et d’autre part, la fourniture à court terme d’une aide d’urgence dans des situations de crise. Toutefois, je ne peux parler que pour les deux aires régionales au sein desquelles VSF-Suisse est active. D’une part, en Afrique de l’Ouest et plus précisément au Mali et au Togo, et d’autre part dans la Corne de l’Afrique, c’est-à-dire à l’extrême est du continent, en Éthiopie, à Djibouti, au Kenya, au Soudan du Sud et en Somalie. Chez VSF-Suisse, je suis responsable de cette dernière région.
En quoi consiste cette coopération au développement durable et à long terme?
La Banque mondiale estime que 500 millions de personnes vivant en situation de pauvreté dans le monde dépendent entièrement ou en grande partie de l’élevage pour leur subsistance. C’est là que notre travail entre en jeu. Un bétail en bonne santé renforce les moyens de subsistance des populations. Par exemple, nous travaillons souvent avec des communautés pastorales pour lesquelles des animaux en bonne santé remplissent de multiples fonctions: ils produisent des aliments tels que le lait ou les œufs et fournissent de la viande, de la laine, du cuir et des engrais. La vente de ces produits génère des revenus supplémentaires pour les familles, leur permettant d’accéder à des services importants. Il s’agit par exemple du coût d’une visite chez le médecin ou d’un médicament, ou encore des frais de scolarité des enfants. En outre, les animaux sont utilisés comme animaux de trait et de bât et jouent un rôle culturel important. Pour que ces animaux restent en bonne santé et productifs, nous les soutenons par des mesures de santé animale.
Peux-tu nous donner un exemple de ces mesures de santé animale?
Par exemple, nous menons des campagnes de vermifugation dans des régions reculées où il n’existe pas d’autres services vétérinaires. Un autre bon exemple est notre formation pour les auxiliaires d’élevage villageois-es. Après avoir suivi la formation, ils peuvent ensuite s’occuper eux-mêmes de la santé du bétail dans leur village. De cette manière, les maladies animales peuvent être combattues et dans le même temps, cela crée aussi des perspectives de carrière pour les jeunes et évite une future dépendance à l’égard d’une aide extérieure. La combinaison de la santé animale et des activités génératrices de revenus permet donc de sortir durablement de la pauvreté.
Qu’entends-tu par le deuxième domaine, la fourniture d’une aide d’urgence?
Je dirais que c’est la partie la plus douloureuse, mais aussi la plus importante de notre travail. Ici, des vies humaines sont en jeu. Si une crise traverse l’un de nos pays partenaires, une aide rapide et efficace est nécessaire. Nous vivons actuellement une telle situation: une crise alimentaire d’une ampleur critique menace la Corne de l’Afrique. Cela a commencé l’année dernière par une invasion de criquets pèlerins qui ont dévoré les réserves, les cultures et les aliments pour animaux. En Éthiopie, au Kenya et en Somalie, une faible saison des pluies a été suivie d’une sécheresse, ce qui a d’autant plus aggravé la situation déjà sous tension. Sans eau, il n’y a pas de nourriture, ni pour les gens ni pour les animaux. Au Soudan du Sud, les inondations et les mouvements de fuite de la population qui en ont résulté sont en partie responsables de la précarité de la situation alimentaire. Ces facteurs climatiques de plus en plus extrêmes ont été aggravés par l’impact économique de la pandémie mondiale de Covid-19. Cette situation a eu un impact particulièrement grave sur les populations et les pays les plus pauvres. Divers conflits armés exacerbent encore plus la situation. Comme vous pouvez le constater, beaucoup de choses se jouent dans la Corne de l’Afrique en ce moment. Selon la plateforme IPC, qui surveille et classe l’insécurité alimentaire dans le monde, la vie et les moyens de subsistance de plus de 15 millions de personnes en Éthiopie, au Kenya, en Somalie et au Soudan du Sud sont menacés. C’est là-bas que nous sommes présents avec notre aide d’urgence.
Peux-tu nous donner un exemple concret de ce à quoi ressemble cette aide d’urgence?
Volontiers. De tous les pays mentionnés, l’insécurité alimentaire au Soudan du Sud est actuellement la plus grave et a atteint des niveaux jamais vus depuis des années. L’IPC prévoit que 7,2 millions de personnes seront en situation d’insécurité alimentaire aiguë en juillet 2021. C’est 60% de la population totale du pays! Parmi celles-ci, 100 000 personnes devraient même se trouver en état de famine en 2021. 1,8 million de femmes et d’enfants de moins de cinq ans souffriront de malnutrition aiguë et la situation continuera à se détériorer. En tant que membre actif du cluster de sécurité alimentaire des Nations Unies, un organe de coordination de la sécurité alimentaire en cas de crise humanitaire, VSF-Suisse a été chargée de fournir une assistance dans trois des dix comtés identifiés comme les plus proches de la famine au Soudan du Sud. Par exemple, nous fournissons à 83 000 personnes des kits de culture de légumes et de pêche pour réduire la malnutrition et compléter le régime alimentaire des familles touchées avec des aliments riches en nutriments. Mais lorsque l’on compare les chiffres, on se rend immédiatement compte qu’il faut faire davantage pour éviter la catastrophe.
Pour finir: en quoi l’initiative «Vacciner pour l’Afrique» est-elle utile?
Qu’il s’agisse de coopération au développement à long terme ou d’aide d’urgence, toutes les mesures décrites doivent être financées d’une manière ou d’une autre. Cela se fait grâce aux contributions liées à des projets que nous recevons d’organisations nationales et internationales et grâce aux dons de particuliers, d’entreprises ou de cabinets vétérinaires. Par leur participation, les cabinets vétérinaires suisses apportent donc une contribution inestimable à notre travail. Nous leur en sommes très reconnaissants et espérons que de nombreux autres cabinets sauteront le pas et nous rejoindrons.
Merci pour ces informations intéressantes et bonne chance avec «Vacciner pour l’Afrique»!
«VACCINER POUR L’AFRIQUE» 2021
Dates de la campagne:
«Vacciner pour l’Afrique» aura lieu cette année du 30 août au 4 septembre 2021.
Inscriptions:
Plus d’informations sur la participation et l’inscription à la campagne sont disponibles à l’adresse
www.vsf-suisse.org/vacciner.
Nous nous réjouissons de votre participation!
Compte de don
PC 30-24633-4
IBAN CH78 0900 0000 3002 4633 4
www.vsf-suisse.org/don