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Le chemin cahoteux vers l’éradication de la PPR

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Une seule maladie animale a été éradiquée dans le monde à ce jour: la peste bovine en 2011. Depuis lors, la communauté internationale a identifié d’autres maladies animales susceptibles d’être éradiquées dans le monde entier – par exemple, la peste des petits ruminants que VSF-Suisse combat en Éthiopie.

Une stratégie mondiale de lutte contre la peste des petits ruminants (PPR) est en place depuis 2015. La PPR est une maladie virale hautement contagieuse dont le taux de mortalité chez les ovins et les caprins atteint 90%. Pour aider les communautés touchées en Afrique, Vétérinaires Sans Frontières Suisse participe également au programme de lutte et d’éradication.

L’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE) se sont fixé un objectif ambitieux: éradiquer la PPR d’ici 2030. Étant donné que 80% de tous les ovins et caprins du monde entier sont menacés par la maladie, qui touche 300 millions de foyers ruraux et plus de 5 milliards de consommateurs, l’éradication de la maladie peut fournir des aliments et des revenus à des millions de personnes.

La maladie est causée par un virus du genre Morbillivirus. Ce genre comprend également des virus qui causent la peste bovine ou la rougeole chez les humains. Les taux de morbidité et de mortalité chez les petits ruminants sont élevés et, dans le même temps, le potentiel d’éradication de la PPR est élevé. Les principales raisons en sont les suivantes:

  • une fois l’infection vaincue, les animaux ne sont plus porteurs ni excréteurs
  • bien que les ruminants sauvages soient également sensibles, il n’existe pas d’autres réservoirs du virus connus que les petits ruminants
  • les vaccins PPR sont peu coûteux (moins de 10 centimes) et offrent une protection à vie après une seule injection
  • un vaccin thermostable sera bientôt disponible sur le marché, ce qui facilitera l’accès aux régions éloignées en éliminant la tâche difficile d’assurer la chaîne du froid
  • il existe de bons tests de diagnostic qui sont importants pour les zones non touchées afin de prévenir la propagation de la maladie le plus rapidement possible.

Ces facteurs font de la maladie une bonne candidate pour la lutte et l’éradication. D’autre part, le processus est difficile. La propagation de la maladie a même augmenté au cours des 10 dernières années. La PPR est également présente dans plusieurs régions d’Éthiopie, où VSF-Suisse est actif depuis des années.

En Éthiopie, 10% de tous les petits ­ruminants meurent de la PPR

En Éthiopie, environ 70% de la population possède du bétail, soit un total de 60 millions d’ovins et de caprins. Environ 10% d’entre eux meurent chaque année des suites de la PPR. Tous les troupeaux ne sont pas affectés de la même manière, mais dans un troupeau non protégé qui est infecté pour la première fois, le taux de mortalité est même d’environ 90%. Ces animaux perdus seraient pourtant cruciaux pour assurer alimentation et revenus des ménages concernés et constitueraient dans le même temps banque et assurance à quatre pattes. Maîtriser la maladie est donc une contribution majeure à la lutte contre la pauvreté.

Voilà pourquoi le gouvernement éthiopien s’est fixé comme objectif d’éradiquer la maladie d’ici 2027. Cependant, il n’y a qu’environ 1000 vétérinaires d’État dans le pays. En outre, les ovins et les caprins sont détenus dans des systèmes mobiles et les communautés les plus touchées vivent très éloignées et sont pratiquement coupées des soins publics. Il est donc encore plus difficile de contrôler la maladie. Cependant, des organisations non gouvernementales participent à cette tâche et VSF s’engage également pour l’élimination de la PPR dans le pays.

VSF-Suisse offre son aide dans la région Somali

Dans la région Somali de l’Éthiopie, où nous sommes actifs depuis 2016, environ 70% de toutes les chèvres et 50% de tous les moutons du pays sont élevés. L’objectif du projet est de contrôler la PPR, minimisant ainsi les taux de morbidité et de mortalité liés à la PPR et d’augmenter la sécurité alimentaire des familles touchées. Pour ce faire, nous avons sensibilisé les éleveurs à la maladie et à son diagnostic. Les symptômes de la PPR comprennent la fièvre, le refus de manger, l’écoulement nasal et oculaire ou l’inflammation de la muqueuse buccale. Toutefois, étant donné qu’ils peuvent également se manifester dans d’autres maladies telles que la fièvre aphteuse ou la fièvre catarrhale du mouton, un test de laboratoire est aussi nécessaire pour déterminer sa présence.

Nous avons également formé le Service national de santé et des auxiliaires-vétérinaires à mener des campagnes de vaccination pour prévenir la maladie. Cela empêche la maladie de se propager davantage et protège les troupeaux de l’infection. Ainsi, la PPR est éliminée lorsque la densité de vaccination est suffisamment élevée. Pour ce faire, il est important d’assurer une bonne coopération avec les ménages touchés, de prendre en considération d’autres maladies telles que la clavelée et la variole caprine, la fièvre aphteuse et la pleuropneumonie contagieuse caprine (PPCC), de former des agents communautaires de santé animale, d’assurer une bonne surveillance et de renforcer la coopération au-delà des frontières nationales.

Une route cahoteuse

Malheureusement, l’élimination de la maladie en Éthiopie et son éradication à l’échelle mondiale ne sont pas encore atteintes. En Éthiopie, l’État se concentre actuellement sur les conflits politiques dus aux tensions politiques et aux problèmes de sécurité. Mais pour réussir sur le long terme, il doit y participer de nouveau, car tant que la PPR reste dans certaines zones, la maladie se propagera de nouveau par le commerce et la migration des troupeaux. Cependant, VSF-Suisse reste à l’affût et recherche des fonds relais qui peuvent empêcher la PPR de se propager de nouveau rapidement.

La formation continue des spécialistes est importante pour endiguer les maladies animales. La photo montre les participants. à un cours de formation sur les systèmes de notification des maladies animales.
Un employé de VSF en action – la pau­vreté peut être combattue par la prévention des maladies.
Une grande majorité de la population éthiopienne dépend de son élevage. Il est d’autant plus important pour VSF-Suisse de renforcer et d’améliorer les moyens de subsistance et la résilience des groupes de population en danger. Grâce à nos cours de formation sur la PPR, comme le montre la photo ci-contre, les communautés touchées peuvent être sensibilisées à ce problème.

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Texte: Marlen Rau, Gina Buonopane, VSF-Suisse