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Numérisation et mise en réseau des données sanitaires dans le secteur porcin – une évaluation des besoins menée auprès des détenteurs de porcs et des vétérinaires

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L’évolution foudroyante de la numérisation des données gagne aussi le monde agricole. En particulier, la digitalisation peut contribuer aussi à renforcer la santé animale dans les troupeaux eux-mêmes. L’utilisation et l’évaluation systématiques des données sanitaires s’avèrent en effet très précieuses, notamment pour la gestion efficace de l’exploitation et du troupeau, et pour la détection précoce des troubles de la santé.

C’est dans ce contexte que l’OSAV a chargé l’institut VPH de mener une enquête auprès des détenteurs de porcs et des vétérinaires pour connaître leur avis et leurs besoins en matière de saisie et d’utilisation systématiques des données sanitaires dans les troupeaux porcins.

Le questionnaire comportait plusieurs volets: informations concernant la personne interrogée et/ou structure du cabinet vétérinaire, souhaits quant à l’utilisation actuelle et future des données, manière d’envisager la saisie et l’exploitation systématiques des données sanitaires. L’OSAV a soumis d’août à septembre 2018 des questionnaires électroniques à quelque 6600 détenteurs de porcs, la SVS et l’ASMP, respectivement, à 3000 et 300 vétérinaires environ. Au total, 783 détenteurs de porcs et 40 vétérinaires de troupeaux porcins ont répondu au questionnaire.

Réaction positive de la majorité des vétérinaires

Les 34 vétérinaires qui ont répondu à la question concernant les outils électroniques utilisés pour saisir les données ont tous indiqué se servir de tels outils; la plupart un ordinateur de bureau ou un ordinateur portable, un tiers en outre un smartphone ou une tablette. Cinq vétérinaires sur 34 (15%) saisissent l’état de santé systématiquement selon les protocoles des services sanitaires porcins, et 19 sur 33 (58%) utilisent le journal électronique des traitements (JET). Parmi ceux-ci, 14 (77%) saisissent eux-mêmes les données dans le JET pour leurs clients (par ex. médicaments remis ou traitements).

Les détenteurs de porcs utilisent eux aussi la plupart des outils électroniques pour saisir les données sanitaires. Seuls 22% ont indiqué ne pas utiliser d’outil électronique. Près de 10% saisissent systématiquement l’état de santé, 31% parmi ceux-ci utilisent le JET.

Les vétérinaires sont plutôt favorables à une saisie et à une utilisation numériques systématiques des données relatives à la santé: 60% y voient un bénéfice, 25% ne savent pas et seulement 15% y sont plutôt opposés. Les détenteurs de porcs partagent ces trois positions à raison d’un tiers pour chacune de celles-ci. Parmi les détenteurs de porcs, ceux qui y voient le plus fréquemment un avantage sont ceux qui saisissent et utilisent déjà systématiquement les données, ceux qui sont membres de l’un des services sanitaires porcins, ceux qui participent à un programme de bonus au sein des services sanitaires porcins et qui utilisent le JET, et ceux qui sont affiliés
à un cercle RTPP et/ou qui produisent pour un label (excepté le label bio).

Généralement, les vétérinaires souhaitent que de nombreuses données soient intégrées dans un réseau, afin de les saisir et de les analyser systématiquement: plus de 75% souhaitent intégrer dans un réseau 6 sources de données ou plus parmi les 12 existantes énumérées dans le questionnaire (médiane = 8). Le JET ainsi que les données de PathoPig, les planificateurs de truies et les laboratoires de diagnostic sont les sources les plus fréquemment citées. D’une manière générale, les détenteurs de porcs souhaitent combiner moins de sources de données dans un tel réseau (médiane = 2). Les données issues de la base de données sur le trafic des animaux (BDTA), du JET et des contrôles effectués dans le cadre de l’abattage ont été le plus fréquemment citées.

Les vétérinaires souhaitent également disposer de sources de données qu’ils n’utilisent pas encore régulièrement. Ils semblent donc espérer une valeur ajoutée à partir des données supplémentaires disponibles. Plus de 80% sont motivés à favoriser une saisie systématique des données, afin de pouvoir réaliser un meilleur suivi du troupeau grâce à l’évaluation de ces données. Toutefois, 57% seulement pensent qu’ils peuvent facturer cette saisie des données comme prestation de service supplémentaire aux clients.

Les détenteurs de porcs souhaitent en particulier que les sources de données qu’ils utilisent déjà soient intégrées dans un réseau. Cette situation laisse supposer qu’ils souhaitent principalement une réduction de la charge administrative par la saisie de toutes les données en un seul point.

La possibilité du benchmarking (comparaison de sa propre performance avec celle d’autrui) est actuellement perçue comme peu importante, aussi bien par les vétérinaires que par les détenteurs de porcs (dans les deux catégories, env. 45% trouvent cela important).

Plus d’efficacité dans la gestion des troupeaux grâce à la saisie et l’évaluation systématiques des données

Les vétérinaires adoptent une position majoritairement positive par rapport à une saisie et à une évaluation systématique des données. Il est impératif de tirer profit de cette motivation pour proposer un suivi plus efficace des troupeaux, fondé sur les données. Par ailleurs, il faut également renforcer la prise de conscience que des travaux tels que la saisie et l’analyse des données apportent une valeur ajoutée aux agriculteurs et que ces derniers doivent les payer.

Parmi les détenteurs de porcs, ceux qui travaillent déjà régulièrement avec des données électroniques sont ceux qui y voient le plus souvent un avantage. L’utilisation accrue du JET permet aux détenteurs de porcs de s’accoutumer à une saisie numérique et systématique des données et de reconnaître ainsi l’avantage des évaluations de telles données pour l’optimisation de la gestion des troupeaux.

Les deux groupes, à savoir les vétérinaires de troupeau et les détenteurs de porcs, devraient être davantage conscients du bénéfice apporté par le benchmarking. Celui-ci offre en effet la possibilité de mieux pouvoir positionner sa propre exploitation ou son propre cabinet par rapport à d’autres, et, le cas échéant, de pouvoir reconnaître des potentiels d’optimisation.

L’important est le soutien réciproque des vétérinaires de troupeau et des détenteurs de porcs dans leur collaboration. À cet égard, il est déterminant que la protection et l’utilisation des données soient réglementées de façon transparente.

Brian Friker
Vétérinaire et résident au Veterinary Public Health Institute de la faculté Vetsuisse de l’Université de Berne
brian.friker@vetsuisse.unibe.ch

Graphique: Le diagramme montre la fréquence à laquelle les données correspondantes sont demandées par les vétérinaires ou les détenteurs de porcs pour la mise en réseau et l’évaluation conjointe.