Nécrologie
À la mémoire deProf. Pierre Montavon (1949–2018)
À l’occasion du décès du Prof. Pierre Montavon, ancien directeur de
la chirurgie des petits animaux de l’Université de Zurich.
Au début du mois de septembre 2018, le Prof. Pierre M. Montavon décédait des suites d’une tumeur maligne touchant le pancréas.
Pierre Montavon aura été l’un des éminents chirurgiens des petits animaux à l’échelle mondiale. Les développements qu’on lui doit dans la prothèse de la hanche sans ciment ou encore sa technique de thérapie du ligament croisé antérieur chez le chien sont aujourd’hui toujours considérés comme des traitements «state-of-the-art», bien au-delà de nos frontières. Nombre d’autres techniques et idées en orthopédie, traumatologie comme par ailleurs en chirurgie des tissus mous ont été développées, réalisées, mises en pratique et publiées par le Prof. Montavon. Bien souvent pour la bonne raison qu’il suivait son objectif et ses visions de manière tatillonne et sans compromis.
Les innombrables publications dans des revues de renom reflètent son activité scientifique. Elles soulignent par ailleurs de l’intérêt que portait Pierre à l’ensemble de la chirurgie des petits animaux. Son livre d’orthopédie et de traumatologie des chats révèle par ailleurs l’amour qu’il portait à cette espèce.
Pierre mettait un point d’honneur de transmettre ses connaissances aux étudiants, aux jeunes vétérinaires en formation et aux vétérinaires praticiens. Sous sa direction, la chirurgie des petits animaux de l’Université de Zurich a formé de nombreux diplômés ECVS dans le cadre d’un programme de formation structuré, produit des vidéos éducatives et mis en place des cours pour les vétérinaires praticiens. À noter en particulier le cours organisé chaque année à l’intention des vétérinaires japonais.
Nombre de collaborateurs ont fait l’expérience que Pierre poursuivait ses principes avec persistance et sans compromis. Il exigeait de ses collaborateurs le même engagement sans limites en faveur bien-être animal. Son intransigeance, son tempérament et ses aspérités entraînaient parfois des conflits auxquels les assistants étaient confrontés dans le cadre des entretiens matinaux ou lors desquels il pouvait aussi soudainement brusquer un compagnon de longue date.
Outre la chirurgie, Pierre savait apprécier les beaux côtés de la vie comme la pêche, la voile, les bons cigares ou le jazz. Je me souviens très bien du jour, dans la salle d’OP, où la radio annonçait le décès de Michel Petrucciani. À ses yeux, c’était le meilleur pianiste de jazz.
En ce qui me concerne, j’ai eu le plaisir de connaître Pierre comme étudiant, doctorant, collaborateur et ami. Je lui suis reconnaissant pour tout ce qu’il m’a appris. Ses principes et ses connaissances sont aujourd’hui toujours ancrés au quotidien comme dans la formation des assistants. Il m’arrive parfois de me poser la question de savoir comment Pierre aurait résolu un problème spécifique.
Son caractère n’était pas toujours des plus faciles, mais il aura été un grand ami fidèle, qui aujourd’hui me manque.
Daniel Damur, Coire, novembre 2018