Vet-Info

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Au Soudan du Sud, l’élevage est le principal moyen de subsistance de la population, mais les conflits internes qui ravagent le pays depuis plusieurs années affectent durement l’agriculture aussi bien que l’élevage.

Sur une population de près de 12,5 millions d’habitants, environ deux millions de personnes ont en effet migré à l’intérieur du pays pour fuir les zones où la violence fait rage, laissant derrière elles les champs qu’elles cultivaient et, bien souvent, leurs animaux.

Les conséquences des déplacements de population

Les déplacements de population causées par les conflits, l’envolée des prix des aliments de base et l’hyperinflation sont parmi les causes de la forte insécurité alimentaire que connaît le pays. En février 2017, la famine était déclarée dans certaines zones de l’état d’Unité par les Nations Unies.

La majorité des personnes déplacées vivent dans des villages isolés et des campements pour le bétail, ce qui n’est pas sans risque. Le vol de bétail est chose fréquente, et les femmes et les jeunes filles des campements de bétail sont alors particulièrement vulnérables: lors de ces vols, nombre d’entre elles sont victimes d’enlèvements, de violences sexuelles ou recrutées de force avec d’autres hommes et adolescents pour rejoindre des groupes armés.

Aide aux enfants touchés par les conflits armés

Outre l’aide alimentaire d’urgence et la restauration de moyens de subsistance par l’élevage, les projets de Vétérinaires Sans Frontières au Soudan du Sud ciblent la réinsertion d’enfants anciennement associés à des groupes armés. Nous collaborons ainsi depuis huit ans avec l’Unicef.

Mené avec le Bureau de Coordination des Affaires Humanitaires, notre nouveau projet vient en aide aux enfants touchés par les conflits et sensibilise les communautés aux droits de l’enfant. Notre précédente initiative dans ce domaine visait à favoriser la réinsertion dans leur famille d’enfants anciennement associés à des groupes armés grâce à des activités liées à l’élevage. Cette fois, notre nouveau projet cible les populations agro-pastorales déplacées et les communautés qui les accueillent. Notre projet bénéficiera à 12 000 personnes: 10 000 enfants anciennement liés à des forces armées, et 2000 adultes.

Le projet a débuté cet été dans l’état d’Unité. L’insécurité alimentaire y est galopante, plusieurs comtés sont des zones de conflits, et l’importante végétation rend d’autant plus amer la famine qui menace toujours. En début d’année, on dénombrait près de 82 000 personnes déplacées dans la région. Fournir une aide humanitaire aux populations est impératif mais périlleux: non seulement les convois humanitaires sont régulièrement la cible de groupes armés, mais plusieurs zones sont aussi particulièrement difficiles d’accès lors des saisons des pluies. VSF-Suisse bénéficie cependant d’une riche expérience dans l’état d’Unité, avec des projets couvrant actuellement les neuf comtés de la région. De plus, nos équipes entretiennent des liens importants avec les communautés et les autorités, ce qui favorise les synergies entre les différents projets de VSF-Suisse, y compris celui- ci. Les relations existantes entre éleveurs, travailleurs en santé animale et les autorités locales sont ainsi mises à profit afin de mobiliser le plus grand nombre.

Pour que l’impact de nos projets perdure bien après la fin de nos activités, la sensibilisation aux droits de l’enfant est un aspect essentiel de toutes nos initiatives de protection de l’enfance. Dans cet objectif, 100 personnes membres de réseaux de protection de l’enfance bénéficient depuis août 2017 de séances d’information sur l’aide à apporter aux enfants en situation de détresse psychologique. Grâce à ces réseaux de soutien, 10 000 enfants bénéficient d’un appui psychologique dans leurs écoles et au sein de leurs communautés. Par ailleurs, dans quatre comtés, nous menons des séances de sensibilisation et avons initié un dialogue communautaire sur les droits de l’enfant, les dangers impliqués par leur recrutement dans les conflits armés mais aussi ceux encourus par certaines pratiques traditionnelles, comme le mariage forcé – la dot de leur fille représente ainsi souvent pour les familles un gain économique importante. D’autre part, des membres de comités de protection de l’enfant sont formés par nos équipes afin d’offrir une réponse adéquate aux enfants ayant besoin de protection ou recherchant des membres de leur famille.

Les résultats du projet

Ce projet prévoit également l’indentification d’une quinzaine d’espaces sûrs où les enfants pourront jouer en sécurité, ainsi que l’organisation d’activités mêlant loisir et informations sur la préservation de l’environnement ou la santé, entre autres.

La longue expérience de VSF-Suisse au Soudan du Sud a facilité ce projet, et permet aujourd’hui de consolider les liens entre campements de déplacés, écoles, autorités locales et régionales, afin de mettre sur pied des structures de référence pour la protection de l’enfant et renforcer les capacités de résilience des communautés.