Editorial
Résistance aux antibiotiques: la collaboration porte ses fruits
Le phénomène de résistance aux antibiotiques est abordé dans toutes les professions médicales depuis de nombreuses années déjà. Au vu de l’évolution inquiétante de ce problème, soulevé en 2015 par l’OMS, une stratégie s’impose dans tous les domaines invoqués dans le projet StAR (médecine humaine, vétérinaire, agriculture et environnement).
Les vétérinaires adhèrent à ce projet en tant que défenseurs de la santé publique et dispensateurs de médicaments au même titre qu’un médecin prescripteur associé à un pharmacien. Cette responsabilité qui leur incombe est d’autant plus importante que la proximité entre l’homme et l’animal devient toujours plus évidente.
Les dispositions à mettre en oeuvre pour respecter les recommandations de la StAR sont élaborées depuis quelques années au niveau de la SVS, afin de trouver un terrain sur lequel elles puissent être applicables. Conformément aux huit points principaux de la stratégie nationale, les objectifs futurs consistent à:
- Informer la corporation sur les moyens de diminuer la dispensation des antibiotiques (hygiène, vaccinations, mesures alternatives, nouvelles molécules thérapeutiques, etc.).
- Favoriser la recherche des souches de germes dans la pratique quotidienne ainsi que leur sensibilité aux différents antibiotiques.
- Restreindre au maximum les antibiotiques de réserve lors de prescriptions de première intention.
- Mettre encore davantage l’accent sur ce problème dans les formations continues et tenir à jour un état des lieux des progrès constatés. Encourager des prélèvements plus fréquents en vue de réaliser des cultures bactériologiques avant un premier traitement antibiotique, afin de déterminer la situation en termes de résitance.
- Améliorer les informations et conseils à la clientèle lors de la délivrance d’antibiotiques.
- Responsabiliser les propriétaires d’animaux en les impliquant dans cette lutte.
- Recenser précisément la dispensation des antibiotiques de chacun, afin de pouvoir appuyer les progrès effectués sur des chiffres concrets et permettre de constater si des régions sont concernées par davantage de germes multirésistants.
- Encourager les pharmas à mettre à disposition des praticiens une gamme plus étendue d’antibiotiques «classiques», avec une formulation adaptée à chaque espèce.
- Encourager la simplification de l’introduction en Suisse de molécules testées de manière fiable chez nos voisins.
La Société des Vétérinaires Suisses s’implique déjà dans l’élaboration de ces mesures et dans la stratégie à appliquer afin d’arriver aux buts souhaités. Dans le cadre de la «Semaine mondiale pour un bon usage des antibiotiques », qui se déroulera du 13 au 19 novembre 2017, elle participera activement aux échanges qui auront lieu entre les différentes corporations présentes. Elle peut s’appuyer sur le soutien et la collaboration de ses membres, des facultés universitaires, des services vétérinaires fédéraux et cantonaux.
Il est évident que, pour le vétérinaire praticien, ces dispositions impliquent un engagement de temps supplémentaire non négligeable, et les discussions programmées vont permettre de soulever les difficultés techniques du terrain et trouver des pistes susceptibles de les rendre réalisables.
Dr Jean-Gabriel Mottier, membre du Comité SVS