Vet-Info
Sécheresse en Somalie: un combat de tous les jours
En raison d’une succession de mauvaises saisons des pluies aggravées par le phénomène El Niño, la Somalie et l’ensemble de la Corne de l’Afrique font face à la plus importante sécheresse depuis trente ans. Dans ce contexte extrême, les équipes de Vétérinaires Sans Frontières Suisse sauvent des vies: nous soignons les animaux, luttons contre la malnutrition et rétablissons des moyens de subsistance.
«Vous êtes menacé par deux dangers, la maladie et la sécheresse, et vous voyez la catastrophe arriver», nous raconte M. Alaso Muse Dhagow, 55 ans, propriétaire en Somalie. «Plusieurs de mes animaux sont morts, d’autres étaient très amaigris. Les quelques animaux allaitant ne produisaient plus que très peu de lait – voire pas du tout –, destiné à notre propre consommation ou à la vente. Il était difficile de trouver de la nourriture, mes enfants étaient en situation de malnutrition car nous sommes totalement dépendants du cheptel, que ce soit en matière de ration alimentaire, pour acheter des céréales ou pour répondre aux besoins du ménage. Les gens étaient anxieux et se demandaient ce qu’il allait arriver.»
Nous rencontrons M. Dhagow dans son village de Sheikh Barrow, dans la région de Gedo. La chaleur est omniprésente mais l’herbe, elle, se fait rare. L’économie somalienne dépend en grande partie de l’élevage et de l’agriculture bien que le pays souffre de sécheresses récurrentes. Le manque d’eau provoque mauvaises récoltes et dégradation des pâturages, les animaux s’affaiblissent et la production de lait s’en ressent, comme l’explique M. Dhagow. Or, le lait est l’un des principaux composants de l’alimentation des bergers de la région de Gedo. La malnutrition et les maladies menacent et, dans le pire des cas, la famine.
Sauver des vies et restaurer des moyens d’existence
Que peut-on faire dans une telle situation? Bien souvent, les populations migrent avec leur cheptel – il arrive même que les bêtes quittent d’elles-mêmes le troupeau; près de 80 000 personnes déplacées se trouvent ainsi dans la région de Gedo, et elles seraient 200 000 dans tout le pays. La sécheresse n’est cependant pas la seule raison de ces déplacements: l’insécurité, les conflits et les difficultés économiques sont aussi en cause.
M. Dhagow était parti lui aussi, et avait acheté certains médicaments pour ses animaux; il nous confie toutefois ne pas être en mesure de s’en procurer régulièrement. Ses capacités étaient à leur maximum lorsqu’a débuté le projet LLRP – Lifesaving and Livelihoods Restoration Project – avec le soutien de l’USAID. Notre but était clair: sauver des vies en restaurant les moyens d’existence de personnes dépendant de leurs animaux, à l’instar d’Alaso Muse Dhagow. À notre arrivée, nous avons soigné son cheptel: «Tous ont reçu des traitements antiparasitaires », dit-il. «Les animaux émaciés ont été traités et ceux qui étaient malades ont reçu des vitamines. Après l’intervention de VSF-Suisse, les maladies ont décliné et les animaux cessé de mourir. Nous sommes maintenant en mesure de nourrir le cheptel, de consommer du lait et même d’en vendre. Cela nous a redonné confiance.»
Le projet LLRP vise aussi l’amélioration de la sécurité alimentaire, ce qui nécessite des animaux en bonne santé et une production agricole pérenne. Dans cet objectif, outre les traitements déjà prodigués à près de 280 000 animaux, nous formons du personnel local au métier d’assistants-vétérinaires afin de garantir des services de santé animale de proximité; d’autre part, nous enseignons aux éleveurs la production du fourrage et sa conservation. Enfin, avec l’aide de notre partenaire local de confiance, nous travaillons à accroître l’approvisionnement en eau: nous avons d’ores et déjà non seulement réhabilité des points d’eau et formé des fermiers à leur entretien, mais nous avons aussi ouvert à ce jour huit kilomètres de canaux qui favorisent l’irrigation de 80 hectares de terres céréalières. Le projet LLRP, toujours en cours, permettra à plus de 15 500 personnes de bénéficier de nos activités, dont 1200 déplacés.
Un impératif: s’adapter aux aléas climatiques pour prévenir les crises
Si notre projet dans la région de Gedo permet de sauver des vies, la crise est loin d’être terminée; le 20 février 2017, l’ONU a lancé l’alerte: la famine guette la Somalie, comme en 2011, où 260 000 personnes avaient péri. À l’heure actuelle, ils sont des millions à se trouver dans la même situation que M. Dhagow avant notre intervention. Des mesures d’urgence se mettent en place.
Les catastrophes humanitaires ne sont pas inéluctables, des initiatives comme la nôtre en sont la preuve; s’adapter aux aléas climatiques est un processus de longue haleine, et ce projet a constitué un pas supplémentaire dans cette direction.
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