Communication de l'association

Assemblée générale de la FVE, 3 et 4 juin 2016, à Marche-en-Famenne (BE)

Les résistances aux antibiotiques et le développement futur de la profession au cœur des discussions

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Dans le cadre du processus d’adoption du projet européen de loi sur les médicaments vétérinaires et sur les aliments médicamenteux, les principaux amendements déposés par la Fédération des Vétérinaires Européens (FVE) ont été acceptés par le Parlement européen, notamment celui concernant le découplage. Ainsi, le vétérinaire européen pourra continuer à vendre des médicaments, comme le prévoyait le premier texte, qui doit maintenant être adopté par le Conseil.

Résistances aux antibiotiques et bien-être animal

Lors de sa dernière assemblée générale, les membres de la FVE ont appris avec satisfaction que plusieurs amendements déposés dans le cadre du processus d’adoption du projet européen de loi sur les médicaments vétérinaires et sur les aliments médicamenteux avaient été acceptés. Ceux-ci demandaient par exemple que tous les antibiotiques soient délivrés sur ordonnance après un examen clinique et sur la base d’un diagnostic. La vente sur internet des antibiotiques et des médicaments psychotropes, biologiques et immunologiques ainsi que leur utilisation pour des traitements prophylactiques ou méta- phylactiques en masse devraient être interdites. Le texte de loi devrait prévoir la possibilité de bannir l’utilisation des antibiotiques critiques par les vétérinaires. Le vétérinaire ne devrait plus non plus bénéficier d’avantages financiers de la part des entreprises qui vendent et distribuent les antibiotiques.

La FVE a également présenté une prise de position sur les coccidiostatiques, qui peuvent contribuer au développement de résistances et engendrer la présence de résidus dans l’alimentation, alors qu’ils sont légalement considérés comme aliments complémentaires. La FVE estime qu’ils devraient entrer dans la catégorie des médicaments vétérinaires soumis à prescription et propose par conséquent une révision de la base légale. Enfin, grâce à l’intervention et au travail de lobby de la FVE, la Commission européenne a retiré son projet d’interdire les colistines en médecine vétérinaire.

«Les animaux doivent être traités quand ils sont malades»

Si la profession vétérinaire s’engage à utiliser les antibiotiques de manière raisonnée, elle demande à ce que le bien-être des animaux soit garanti. Dans sa dernière prise de position présentée aux délégués, la FVE propose cinq pistes de réflexion liées à la détention des animaux et visant à réduire l’utilisation d’antibiotiques. Mais, parallèlement au monitoring (enregistrement de la consommation et des résistances aux antibiotiques), les paramètres de santé animale et de bien-être animal doivent être mesurés. Il s’agira de déterminer des indicateurs fiables et de démontrer la relation positive entre une détention respectueuse du bien-être animal et la réduction de l’utilisation des antibiotiques.

Les chaînes de cabinet et l’élevage d’insectes: les défis pour la profession

Le développement durable et l’avenir de la profession ont largement été abordés lors de ces deux journées, auxquelles la délégation suisse a participé. Le marché économique vétérinaire est en pleine mutation, notamment à cause de la féminisation de la profession mais aussi de l’évolution de la relation homme-animal et du comportement des propriétaires d’animaux. En considérant l’exemple de la population canine et de son développement (le poids et la taille des chiens diminuent, augmentation de chiens sans pédigrée, augmentation du trafic des chiots, importations de chiens par les refuges), il est évident que les attentes des propriétaires d’animaux de compagnie évoluent (pet health care = human health care). D’où par exemple, le développement de «cliniques vétérinaires» dans les centres commerciaux ou liées à des commerces zoologiques. Les regroupements de cabinets, qu’ils soient en mains de vétérinaires associés ou sous forme de chaînes (corporation) deviendront des acteurs du marché avec un poids économique non négligeable et une opportunité pour un bon nombre de cabinets et de vétérinaires. La médecine vétérinaire présente de l’intérêt pour les investisseurs. Et si ce type de cabinets faisait encore peur il y a quelques années, il faut bien admettre que dans les pays nordiques et en Angleterre (de même qu’aux Etats-Unis), ceux-ci se sont implantés avec succès. Il faudra cependant veiller à ce que qu’il n’y ait pas de péjoration des conditions de travail et l’éthique professionnelle.

Un autre défi pour la profession est l’augmentation de la population mondiale, dont la demande en protéines va forcément drastiquement augmenter. Il s’agira de couvrir ces besoins de manière viable à long terme (sustainibility) et, notamment, de revoir les méthodes de production animale, qui devront s’adapter. La profession vétérinaire peut (et doit) contribuer au développement d’une production animale durable. La FVE s’y engage. La production d’insectes comme sources de protéines est actuellement bien implantée dans certains pays et, aujourd’hui, les entreprises d’aliments pour animaux de compagnie les utilisent couramment. Selon une enquête réalisée auprès de plusieurs pays membres de l’EU, la législation est très hétérogène et le milieu vétérinaire dispose de peu de connaissances dans ce domaine. A part en Finlande, aucune formation n’est actuellement dispensée dans les écoles vétérinaires dans ce domaine. Il s’agira, pour la profession, de se préoccuper de cette forme de production avant qu’elle n’échappe à son domaine de compétences.

Le contrôle du trafic des chiots, un problème européen

D’après les chiffres présentés, 552 000 chiens transiteraient chaque année au sein de l’Union européenne. Si le contrôle du trafic (légal et illégal) est de la compétence des états membres, le problème concerne aussi bien la santé et le bien-être animal que la santé publique (zoonose et «bien-être humain»). La FVE, en collaboration avec la FECAVA, présentera une prise de position cet automne.

Anne Ceppi
Vétérinaire cantonale du Jura, déléguée de la Suisse à l’Union Européenne des Vétérinaires Praticiens (UEVP) et membre du comité de la section

La délégation suisse à l’assemblée générale de la FVE (de gauche à droite): Richard Weilenmann (EVERI), Christoph Kiefer (président SVS), Anne Ceppi (UEVP), Fabien Loup (EASVO), Michel Laszlo (UEVH) et Peter Glauser (directeur SVS).

Federation of Veterinarians of Europe (FVE)

La Suisse est membre de la Fédération des Vétérinaires Européens (FVE) et représentée par un(e) délégué(e) dans chacune de ses sections. La FVE est constituée de quatre sections, soit l’UEVP (vétérinaires praticiens), l’UEVH (vétérinaires hygiénistes), l’EASVO (vétérinaires officiels) et l’EVERI (vétérinaires dans l’enseignement, la recherche et l’industrie).

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