Résistance aux antibiotiques

Que fait la SVS?

Patrizia Pfister, Dr med. vet. FVH pour ruminants, Département médicaments vétérinaires, secrétariat SVS

Dans le monde entier, les résistances aux antibiotiques progressent. En Suisse, un état des lieux de la situation sur le front des résistances aux antibiotiques dans la médecine humaine, la médecine vétérinaire et l’environnement a été réalisé dans le cadre d’un programme de recherche national mené de 2001 à 2006. Suite à cela, différentes mesures nationales ont été mises en oeuvre et l’on a planché sur des solutions, dans le but de préserver l’efficacité des antibiotiques. Les efforts réalisés à ce jour ne suffisent cependant pas, raison pour laquelle la Confédération a lancé, dans le cadre de «Santé 2020», une stratégie globale et en réseau (Stratégie résistance aux antibiotiques, abrégée StAR). Adoptée le 18 novembre 2015 par le Conseil fédéral, StAR va maintenant être mise en oeuvre.

Les vétérinaires face à la critique publique

Sur le thème des résistances aux antibiotiques, la médecine vétérinaire est exposée à la critique formulée par la médecine humaine, selon laquelle des administrations fréquentes d’antibiotiques (en particulier en prophylaxie) et l’emploi des antibiotiques critiques («antibiotiques de réserve») favoriseraient l’émergence des résistances. La pression exercée par la société et la politique sur les vétérinaires, pour que ceux-ci réduisent l’administration d’antibiotiques, est forte.

La médecine des animaux de rente est principalement dans le collimateur. On y utilise en effet les plus grandes quantités d’antibiotiques. Les vétérinaires actifs dans ce secteur s’efforcent toutefois quotidiennement, sous la pression des agriculteurs et de leurs conditions financières serrées, d’assumer leur responsabilité. Le fait que tous les antibiotiques de première ligne et plusieurs vaccins n’étaient de nouveau pas toujours disponibles en Suisse en 2015 – ou partiellement – s’avère d’autant plus inquiétant. Ainsi, en été, les tarisseurs pour vaches contenant de la pénicilline n’étaient plus livrables, en novembre, on apprenait que la seule préparation de tétracycline sur le marché suisse pour l’administration par voie intraveineuse sans action prolongée ne serait plus disponible pour plus de six mois et, à la fin de l’année, est venue s’ajouter la solution injectable de sulfamides/ triméthoprime. Chez les petits animaux et les chevaux, on voit aussi apparaître des emplois d’antibiotiques insensés en raison du manque d’alternatives.

De quels moyens dispose la SVS?

La SVS tente d’aborder le problème à différents échelons: pour ce qui a trait aux préparations manquantes à court ou à long terme, la raison est généralement à rechercher du côté d’une interruption de livraison de la substance active. Compte tenu des luttes de prix en cours dans l’industrie pharmaceutique, c’est généralement le fournisseur le meilleur marché qui pourra continuer de vendre un «ancien» produit avec des marges relativement étroites. Celui-ci à son tour obtient la substance active du fabricant le meilleur marché, voire le seul restant, qui pour sa part doit aussi le produire avec une pression élevée sur les coûts. Ce type de problèmes d’approvisionnement apparaît parfois lorsqu’un tel fournisseur, ayant souvent son siège dans un pays émergeant, est soudainement contraint de réaliser des adaptations (p. ex. contrôles des autorités, manquements dans la production, installations techniques désuètes, prescriptions environnementales, matières premières manquantes). L’Office fédéral de la sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires (OSAV) a également relevé la nécessité d’agir et s’investit déjà, en collaboration avec la SVS, pour trouver des solutions. Par ailleurs, la SVS est également en contact régulier avec la branche pharmaceutique vétérinaire suisse ainsi qu’avec Swissmedic.

Les différents niveaux de connaissances en termes de pharmacologie et d’emploi judicieux des antibiotiques parmi les vétérinaires constituent un champ de problèmes supplémentaire. La loi exige de notre profession une formation continue durant toute la vie. Le contrôle de cette disposition ne fait que débuter, de façon hésitante, alors que certains vétérinaires officiels dans quelques cantons y lient l’autorisation de pratiquer ou de propharmacie vétérinaire. Pressés par le temps au quotidien, beaucoup de praticiens ne disposent pas de suffisamment de recommandations pour des indications spécifiques concrètes et sérieuses. De telles directives concernant les antibiotiques sont en cours d’élaboration dans le cadre de la StAR, tout d’abord pour les porcs et les vaches, suivront les petits animaux, les poules et les chevaux.

La SVS collabore à l’élaboration des directives pour l’emploi des antibiotiques

La SVS a collaboré de façon notoire au développement d’une forme appropriée pour les directives relatives à l’emploi des antibiotiques en médecine vétérinaire.

L’année dernière déjà, la SVS et les sections ont pris position de façon détaillée sur le thème des résistances aux antibiotiques, de la StAR et de la révision de l’ordonnance sur les médicaments vétérinaires (OMédV). Nous avons aussi élaboré et publié des papiers de position. Grâce au soutien de la base et au savoir des sections, la SVS peut faire valoir des exigences. Le groupe de travail médicaments vétérinaires accompagne ce processus. Lors des séances qui se tiennent régulièrement, on débat de certains thèmes importants et, par ailleurs, on y esquisse les mesures et approches de solutions possibles avec l’aide de représentants des grandes sections spécialisées (ASMPA, ASSR, ASMP, ASME, camvet.ch).

Engagement des sections

L’association faîtière bénéficie d’un soutien notable des sections. Elles apportent d’une part leurs connaissances spécifiques, mais organisent également leurs propres manifestations. La section spécialisée des petits animaux (ASMPA) a consacré à ce thème sa manifestation de formation continue de plusieurs jours dans Lavaux. La section régionale bernoise (VBT) a organisé en automne 2015 un séminaire informant ses membres des développements en cours dans le domaine de la StAR, de l’ordonnance sur les médicaments vétérinaires et de son application.

Par la création du nouveau poste pour le département des médicaments vétérinaires et des actes vétérinaires au secrétariat, la SVS dispose désormais de ressources accrues pour s’investir encore plus sérieusement à l’échelon opérationnel. Enfin, en participant à des séminaires, manifestations de formation continue, ateliers sur la StAR et manifestations d’information, la SVS noue des contacts importants avec les milieux impliqués. Car il ne faut pas l’oublier: la «menace majeure pour la santé en Suisse» (affirmation de la Commission fédérale d’experts pour la sécurité biologique) ne peut être appréhendée par les seuls vétérinaires, ni par la seule SVS.

La SVS s’investit pour une réduction de la consommation d’antibiotiques et donc de la formation de résistances dans la médecine vétérinaire, tout en veillant à ce que les soins vétérinaires puissent être assurés et le bien-être des animaux préservé.

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Papiers de position de la SVS et ses sections sur les résistances aux antibiotiques: www.gstsvs.ch/positions