| Journal | Schweiz Arch Tierheilkd | |
| Verlag | GST | |
| Heft | Band 157, Heft 6, juin 2015 |
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| ISSN (print) | 0036-7281 | |
| ISSN (online) | 1664-2848 | |
| online seit | 02 juin 2015 |
Vet-Info
Une vétérinaire sur les pistes de la région somalienne
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En Ethiopie, 1% seulement des vétérinaires sont des femmes. Martha Anbessie d’Addis Abeba est l’une d’entre elles. Dans la région somalienne du sud-est du pays où vivent essentiellement des communautés nomades, elle forme des vétérinaires non professionnels et mène des campagnes de vaccination.
La terre est brune aussi loin que porte le regard. Seuls quelques brins d’herbe surgissent çà et là. C’est dans cette région sèche que Martha Anbessie exerce son activité: vétérinaire de formation, cette mère de 29 ans travaille depuis deux ans pour VSF-Suisse. Les bases d’existence de la population nomade de la région somalienne reposent en grande partie sur le bétail. Par rapport au nombre d’animaux, il y a très peu de vétérinaires ici – et ces derniers sont de plus sédentaires. La population n’a personne pour prendre soin des animaux malades lorsqu’elle se déplace en quête de pâturages et d’eau. Pour remédier à cette situation, Martha Anbessie centre ses activités avec VSF-Suisse sur la formation de vétérinaires non professionnels et sur le soutien à la population par des mesures prophylactiques comme les campagnes de vaccination visant à préserver la santé des animaux.
Avant de lancer un projet, Martha doit s’entretenir avec les autorités de la région pour obtenir leur collaboration. C’est ensemble que sont ensuite déterminés les «kebeles » (arrondissements administratifs le plus souvent composés d’une unité villageoise) ayant le plus besoin d’appui. Une fois le lieu choisi, l’état sanitaire général des animaux est évalué dans le «kebele» sélectionné. Il faut alors trouver des personnes prêtes à recevoir une formation de vétérinaires profanes et au bénéfice des compétences nécessaires: «Le choix des vétérinaires non-initiés est un processus de longue haleine et exige de la patience car il faut s’entretenir avec de multiples personnes», explique Martha Anbessie. Puis la formation proprement dite a lieu et les vétérinaires non professionnels nouvellement formés sont finalement suivis et encadrés dans leur travail. Martha veille aussi à ce que suffisamment de médicaments vétérinaires garnissent les rayons des magasins villageois pour que les «nouveaux vétérinaires» puissent, au besoin, en avoir en suffisance.
Martha doit relever de nombreux défis dans ses activités: elle doit par exemple intégrer le mode de vie nomade dans son quotidien professionnel. La région est rurale, isolée et sèche. Martha et son équipe sont par exemple déjà restées bloquées trois jours durant, au milieu de nulle part, suite à une panne de véhicule, sans nourriture et avec juste un peu d’eau. Un autre défi auquel Martha Anbessie a été confrontée, au début surtout, a été le fait d’être une femme exerçant une «profession masculine». La population n’était pas habituée à accepter l’aide d’une femme bénéficiant d’une bonne formation. Il a fallu un certain temps avant qu’elle soit acceptée et que les gens écoutent ses conseils: «Lorsque par la suite on m’a vu travailler, on a reconnu mes compétences et aujourd’hui, c’est moi que les gens réclament lorsqu’ils ont besoin d’aide».
Martha a pu constater la grande importance que revêtent les chameaux pour ces populations nomades et compris qu’elles feraient tout pour eux. Le fait d’avoir un vétérinaire à leur côté est donc un véritable trésor pour ces communautés. «Obtenir le respect de ces populations et avoir l’honneur de les côtoyer est un travail extraordinaire. J’éprouve une grande joie à aider ces gens en m’occupant de la santé de leurs animaux».
